Aller au contenu principal
Union Africaine

La création en 1963 de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), dans un contexte international où de nombreux pays africains venaient à peine d’accéder à la reconnaissance internationale et où d’autres étaient encore sous domination coloniale avait fait naître beaucoup d’espoir sur l’avenir du continent. Malheureusement, incapable de répondre de façon efficiente aux défis cruciaux du développement et de la sécurité, l’OUA a été remplacée par l'Union Africaine (UA) lors du sommet des chefs d’État et de Gouvernement de Durban, en Afrique du Sud en juillet 2002, en application de la Déclaration du sommet des 8 et 9 septembre 1999 à Syrte, en Lybie. Ce changement qui se voulait stratégique et politique a fait naître, une fois de plus, un vent d’espoir sur les perspectives de l’Afrique, historiquement prisonnière du jeu des puissances. En effet, avec la disparition de l’OUA, qui comme toute organisation intergouvernementale ne faisait que la politique de ses États membres, malheureusement eux-mêmes victimes d’une cécité stratégique structurelle, l’UA est apparue porteuse d’une idée, d’un projet, celui de la renaissance politique africaine. 

Cette renaissance politique du continent supposait implicitement son émancipation stratégique et politique et donc celle effective de ses États membres.  

L’émancipation doit être comprise comme la possibilité pour les États africains d’ajouter à leur indépendance juridique, un contenu politique, stratégique, économique, diplomatique, sécuritaire, etc., qui seul peut leur permettre d’espérer mener une existence souveraine sur la scène internationale dans laquelle seuls leurs peuples, constitués en un corps politique, et leurs Nations déterminent leurs actions. 

Dans les systèmes politiques démocratiques, cet attribut ne peut incomber qu’aux dirigeants désignés au terme d’un processus électoral fondé sur le suffrage universel, égal et secret. Dans cette perspective interne, la souveraineté pose la question de la dévolution du pouvoir et du corps électoral. Si la souveraineté est un principe interne, il comporte une dimension externe qui relève du droit international. Comme principe de droit international, il suggère l’idée d’un pouvoir libéré des contraintes internationales qui peuvent êtres politiques, stratégiques, diplomatiques économiques, juridiques et culturelles. 

Certes, certains auteurs estiment que la souveraineté, prise comme principe de droit international, n’a pas partie liée avec la puissance. Pour ceux–ci, « La souveraineté de l’État telle que l’entend le droit international n’est pas un ensemble de pouvoirs sur des sujets, c’est le fait purement négatif de n’être pas soi-même sujet. Une liberté par conséquent, et que n’altèrent pas dans son principe les engagements par lesquels un État restreint de son plein gré son pouvoir d’agir suivant ses règles propres». Cependant, à la suite de Carré De MALBERG, cette étude postule que le concept de souveraineté «Dans son sens originaire, (…) désigne la caractère suprême étatique. Dans une seconde acception, il désigne l’ensemble des pouvoirs compris dans la puissance d’État, et il est par la suite synonyme de cette dernière. Enfin il sert à caractériser la position qu’occupe dans l’État le titulaire suprême de la puissance étatique, et ici la souveraineté est identifiée avec la puissance (…)». 

«La puissance est un concept multiforme, évolutif et complexe qui repose sur des fondamentaux comme le territoire, les hommes et le désir. Il arrive que des ruptures technologiques – hier le nucléaire militaire – plus récemment Internet, redessinent les contours et les moyens de la puissance». Selon Raymond ARON, «Peu de concepts ont été aussi couramment employés et sont aussi équivoques que celui de puissance (…) j’appelle puissance sur la scène internationale la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités. En bref, la puissance n’est pas un absolu, mais une relation humaine » . Autrement dit, la puissance se résume à la capacité d’un État de soumettre d’autres États à sa volonté, à ses options politiques, diplomatiques, économiques, etc. Ainsi perçue, la puissance est avant tout coercition ; elle renvoie à la logique de quête de puissance dont on sait que le fondement principal est et reste l’utilisation ou la menace d’utilisation de la force. Pour Hans MORGENTHAU, la puissance «c’est l’emprise d’un acteur sur l’esprit et les actions des autres».

A travers l’histoire des nations, cette quête de puissance est à la base de l’impérialisme, des guerres, et, depuis la fin de la guerre froide et ses conséquences, de la mondialisation et des rivalités géoéconomiques. 

Plus de quinze ans après la création de l’UA sur la base de la Déclaration de Syrte qui pour certains annonçait la naissance du «géant noir capable de contribuer à la consolidation de la paix et de la stabilité du monde» , la situation économique et sécuritaire du continent ne s’est guère améliorée. L’UA ne pèse pas plus sur la marche que la défunte OUA et ses États membres portent encore les séquelles de leur passé colonial. L’adoption d’un Acte Constitutif (AC) et d’un nouvel organigramme, le tout porté par des grandes déclarations politiques, n’ont pas suffi à reléguer à un passé lointain les insuffisances de l’OUA. Les espoirs nés de la création de la très ambitieuse UA sont-ils en voie d’être déçus? 

Quel bilan peut-on faire de l’UA aujourd’hui ? Quels sont les dysfonctionnements qui empêcheraient à cette organisation de relever avec succès les défis stratégiques, politiques, économiques, sécuritaires et infrastructurels qui avaient nourri la réflexion conduisant à sa création, pratiquement dans une ferveur populaire ? 

À travers ce nouveau numéro de la Revue Dialectique des Intelligences, les auteurs font l’analyse critique et évaluative d’une organisation dont la création annonçait une certaine dignité de l’Afrique et des Africains, l’engagement du continent à se construire un rang dans la marche du monde et par ricochet une capacité des États africains à s’assumer, à rompre avec leur extraversion historique et à rechercher des solutions africaines à leurs différents problèmes. Quel que soit l’angle retenu et au-delà du pessimisme que donne à voir la réalité des thématiques étudiées, l’enjeu utilitaire pour les contributeurs est de produire une analyse évaluative indiquant les pistes pour l’atteinte de l’objectif politique et stratégique de l’UA, qui, plus qu’en 2002, se pose avec encore plus d’acuité, tant les États africains et l’organisation panafricaine semblent encore plus empêtrés dans des difficultés multiformes que sous l’OUA.

 

Contributions

Équipe de Rédaction: 

-Dr. Severin TCHETCHOUA TCHOKONTE;

-Dr. Théophile Mirabeau NCHARE NOM;

-Joseph Thierry OKALA EBODE;

-Fabrice NOAH NOAH;

-Serge DZOU NTOLO;

-Chantal EMBIEDE EBALA;

-Mireille Nicole MELONO ELLA;

 

Responsable de la Traduction: Roger NOAH 

 

Comité Scientifique:

-Recteur Roger TSAFACK NANFOSSO (Professeur d’économie); 

-Doyen Magloire ONDOA (Professeur de droit public); 

-Doyen Henri WAMBA (Professeur d’économie); 

-Doyen Charles Etienne LEKENE NDONFACK (professeur de droit public). 

 

Professeurs: 

-Jean Emmanuel PONDI (Professeur de Relations Internationales); 

-Grégoire JIOGUE (Professeur de Droit privé); 

-Gérard PEKASSA NDAM (Professeur de Droit public); 

-Vincent Joseph NTUDA EBODE (Professeur de Relations Internationales et Stratégiques); 

-Issa SAIBOU (Professeur d’Histoire et spécialiste des questions de sécurité); 

-Manassé ABOYA ENDONG (Professeur de Science Politique);

-Eustache AKONO ATANGANE (Professeur de Science Politique). 

 

Docteurs: 

-Jean Pierre MELOUPOU (Capitaine de Vaisseau ®, Ancien Directeur du Centre du Renseignement Militaire (CRM), Enseignant associé des Universités,) 

-Lavenir Jacques Didier MVOM (Colonel ®, Diplomate, Spécialiste des questions de sécurité);

-Christian MODJEL (Diplomate);

-Richard KEUKO (politiste). 

 

MM / Mme: 

-Christian PENDA EKOKA (Ingénieur polytechnicien et Senior économiste);

-Jean BANIARA YOYANA (Ancien Magistrat, Ancien membre du gouvernement Tchadien, Juriste), 

-Claudine SIGAM (Senior-Experte des industries extractives);

-Guillaume CHEDJOU TANKAM (colonel, spécialiste des questions de défense).