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Les transitions politiques guinéenne et malgache de 2008 et de 2009 ont suscité un réel engouement auprès de l’opinion publique nationale et internationale. Mais, l’espoir d’une véritable transition politique démocratique, largement partagé, a été vite sapé par les logiques et stratégies des acteurs politiques, dont le souci d’accommodation à l’état de droit était inversement proportionnel à la restauration de l’ordre politique institutionnel. Ce stratégisme mué en une politique d’élimination des ennemis et visant subrepticement la conservation du pouvoir, permet de renseigner sur la destination des usages et représentations de la réformation et/ou reformation de l’administration pour en expliciter l’inopportunité dans un contexte d’incertitude marqué par un héroïsme de situation.

Mots clés : Transition, démocratisation, gouvernement, réforme, spectacularisation.

Abstract:

One set hopes on Guinea and Malagasy’s political transitions of 2008 and 2009 respectively, relating to a real enthusiasm among both national and international opinion aroused. However, the hope of a true democratic political transition, widely shared, was quickly sapped by the logics and strategies of political actors, whose concern for accommodation to the rule of law was inversely proportional to the restoration of the institutional political order. This strategy turned into a policy of eliminating enemies and surreptitiously aimed at the conservation of power, provides information on the destination of the uses and representations of the reformation and / or reformation of the administration to explain its inappropriateness in a context of uncertainty marked by a heroism of the situation.

Keys words: Transition, Democratization, Government, Reform, spectacularization.

Les systèmes de gouvernement, comme porte d’entrée vers une réflexion sur les moyens d’assurer la paix par le renforcement des institutions, connaissent généralement une restructuration qui s’origine, très souvent, des situations de crises. Ventilant, dans la durée, une odeur de réformes louables et savamment orchestrées,  mais vite sapées par les pratiques, et les rationalités des commanditaires[1]. Depuis le milieu des années 1970, les États et les administrations en Afrique ont été soumis à des réformes aussi intensives que contradictoires, motivées par le délabrement matériel, financier et humain des appareils administratifs et plus généralement par l’échec des pratiques administratives produites par des États affaiblis, rendant indispensables des réformes drastiques[2]. Si bien que la nécessité de transformer l’organisation et les modalités de gestion des administrations en Afrique s’est imposée comme une donnée inéluctable. Selon Lonseny Fall on peut déduire qu’en Guinée comme à Madagascar, les initiatives réformatrices se sont, très souvent, heurtées soit aux intérêts particuliers de certaines élites de l’administration soit à ceux d’une mafia impliquée dans une relation dyadique avec le pouvoir[3]. C’est qu’il se constitue au cours de la transition, une sorte de communauté d’intérêts entre le « dedans » et le « dehors », qui renforce la position des élites suivant que celle-ci veille aux intérêts des parties à l’alliance[4].

Le discours de la reconstruction de l’Etat, déjà perceptible dans la rhétorique des acteurs principaux du changement politique en train de se faire, s’enracinait davantage dans les consciences guinéennes et malgaches et se réifiait comme une nécessité en termes de réformation et de reformation de l’Etat. Les termes “réformation et reformation” renvoient ici, à une conjoncture de remodelage et de redéfinition, voire de réorganisation, principalement, des ressources humaines de l’univers administratif en Guinée en 2008 et à Madagascar en 2009[5]. Il s’agit d’une réalité qui sert à désigner la propension à refonder un appareil

 

[1] Voir D. Bangoura, « Le coup d’état de décembre 2008 et la transition Controversée en guinée », in Institut de Recherche Stratégique de l'École Militaire, Les armées africaines et le pouvoir politique au sud du Sahara, Les Champs de Mars, 2015/3 N° 28, pp. 18 à 33.

[2] D. Darbon, « “Réformer ou reformer les administrations projetées des Afriques ?” Entre routine antipolitique et ingénierie politique contextuelle », Revue française d'administration publique, 2003/1, N° 105-106, pp.135-152.

[3] Voir F. Lonseny Fall, Guinée, l’aurore d’une démocratie, op.cit., pp. 16-17 ; Mon pari pour la Guinée : le changement est possible, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 119.

[4] M. Kamto, « Crises de l’Etat et réinvention de l’Etat en Afrique », in Maurice Kamto et al, L’Afrique dans un monde en mutation : dynamiques internes, marginalisation internationale ?, Paris, Afredit, 2010, PP.51-115.

[5] C. L. Ngon, La reconstruction des Etats fragiles: Analyses comparée des gouvernements de transition de la Guinée (2008) et de Madagascar (2009), Thèse de Doctorat, Université de Yaoundé II-Soa, août 2016.

 

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